20-02-11

Jaime, 41 ans.

                                                                Un bien triste fan.


Je marche dans les rues de Chicureo (ville où je travaille), il fait dans les 35 degrès, je sents les gouttes ruisseler sur tout mon corps et suis obsedée pas la jolie douche qui m'attend à la maison.
En passant devant un chantier je suis prise d'intérêt par un ouvrier en train de travailler d'arrache-pied en plein soleil. Je m'approche de lui et lui propose une pause causette qui s'avère être la bienvenue.

Le petit homme m'explique qu'il est en train de creuser un futur système d'irrigation.
Impressionnée par son courage sous cette terrible chaleur, je lui fais remarquer que c'est un travail bien pénible à exécuter par ce soleil de plomb!  Il me répond aussitôt que sa canalisation doit être prête le plus vite possible, justement à cause du soleil. Ca ce tient...
J'assume alors le fait que Jaime est une sorte de héros agricole puisque dépend de lui la survie de toutes les plantes forcées de pousser dans cette zone désertique.

Mais Jaime n'est pas jardinier ; à la base il est soudeur et a accepté ce "petit travail supplémentaire" dans un seul but (tenez vous bien!!) : s'offrir un billet pour le concert de Shakira dont il est super fan.
Interloquée, je cherche à en savoir un peu plus mais mon sourire disparaît quand il déclare:
"Je ne vais pas pouvoir y aller parce que toutes les places sont déjà venduees..."
Quelle injustice, le pauvre!!!  Il a l'air si déçu.... Je tente de le consoler en lui disant qu'il peut toujours se rendre au concert et essayer d'acheter un billet à un revendeur. "C'est une idée ... maintenant je dois retourner travailler." me dit-il.
Ainsi s'achève mon bref entretien avec le fan le plus atypique de Shakira.

Gracias Jaime!





17-02-11

Camila, 17 ans.

                                                             Un caractère bien trempé!

Je rencontre cette jeune fille près de mon centre équestre. Comme ce n'est pas la première fois que je la croise et qu'elle se dirige vers le même arrêt de bus que moi, je décide de l'aborder et lui consacre à présent mon deuxième article (notez au passage que prendre le bus est un phénomène social  extraordinaire, vous trouvez pas?).

Camila va rentrer en terminale au mois de mars. En plus de préparer son PCU (équivalent du BAC) elle va suivre à partir du mois d'avril une prépa médecine en vue d'aller à l'université d'odontologie de Santiago (comprenez dentisterie). Une année chargée en perspective!  Elle me raconte ça avec un magnifique sourire et je comprends de suite que l'adolescente a déjà assumé qu'il faut souffrir pour réussir.
Elle habite avec ses parents et son frère de 15 ans dans un luxurieux "condominio" un peu à l'écart de la capitale (imaginez un grand et beau lotissement à la Desperate Housewives). C'est un peu loin du centre certes, mais "plus calme et mieux fréquenté" m'assure-t-elle.
Au cours de notre conversation j'apprends qu'elle est fan de cinéma et plus particulièrement de cinéma français! C'est pas étonnant ça?  Elle me parle de Marion Cotillard, d'Audrey Tautou, des films qu'elle a vus et je l'écoute avec fascination.

Quand je lui pose la question du petit copain elle m'avoue s'être séparée de son "pololo" (amoureux) il y a deux semaines. Je demande pourquoi et elle me répond avec simplicité: "quand on se dispute trop souvent ça sert à rien de continuer c'est tout" . Je souries discrètement.
Maintenant Camila occupe son temps avec ses copines, elle écoute Usher et David Guetta, aime faire du shopping, acheter des lunettes de soleil sur les marchés et jouer dans son équipe de volley dont elle est capitaine.  Me voilà rassurée, ce sacré petit bout de femme me prouve enfin qu'elle est une ado comme les autres.

Aujourd'hui elle se rend à Santiago pour aller à sa seconde leçon de conduite ; il lui tarde d'avoir son permis parce qu'elle en a marre des transports en commun (comme je la comprends!)
Cette rencontre m'a enchantée, souhaitons lui bonne chance pour l'année difficile qui l'attend.

Gracias Camila!

15-02-11

Marco, 73 ans.

                                             Pédaler, ça met du beurre dans les épinards.

En attendant le bus au retour du boulot je remarque un vendeur ambulant (imaginez un vélo soudé à un gros chariot remplit de snacks, bonbons, boissons, etc). Morte de soif, je m'approche pour acheter un coca. Au cours de notre transaction le vendeur me demande si j'ai senti le petit tremblement de terre de la veille (sachez qu' au Chili ça revient à parler de la pluie et du beau temps...). Sans le savoir il vient de faire de lui le premier sujet de mon blog (émotion!).

Marco est à la retraite, il me raconte que sa petite pension lui permet de toucher 170 000 pesos/mois (ce qui fait à peu près 260 euros). Comprenez donc pourquoi il a décidé de travailler encore un peu!
Son magasin ambulant lui rapporte environ 400 000 pesos/mois ; pas un énorme salaire (le SMIC chilien est de 280 00 pesos/mois) mais suffisant pour "éliminer quelques souçis" comme il dit.
Impressionnée par son âge, je lui demande si c'est pas trop difficile de se déplacer avec toute cette marchandise ; il éclate de rire ( j'ai l'air con...) en disant qu' "il faut avoir la technique, c'est tout!".
Voilà maintenant presque 20 ans qu'il pédale pour s'offrir une retraite convenable, moi je dis, chapeau Monsieur!

Quand Marco ne travaille pas il a deux passions: perfectionner son vélo-stand (on peut appeler ça comme ça, ouais) qu'il est fier de dire avoir construit lui-même, et manger la cuisine de sa femme.
C'est pas mignon?
Avant de nous séparer, il me recommande deux choses : d'aller voir le sud, "là où les gens sont beaucoup plus ouverts et chaleureux qu'à Santiago" et de bien économiser parce que le prix de l'avocat est en train de grimper comme jamais!
Je vais donc suivre ces jolis conseils car 1) je ne connais pas le sud et 2) une vie au Chili sans avocat n'aurait absolument aucun sens!

Gracias Marco!